Traveler's Blues

Le Canada, enfin, dernière étape de notre voyage. Nous commençons notre découverte du pays par Vancouver. Le temps maussade et les 12°C au mois de juillet nous plongent dans une catatonie plutôt inhabituelle. Une lassitude du voyage nous prend complètement par surprise. Transports, hébergements, socialisations éphémères avec des roommates bavards, douches rapides dans des sanitaires dégueulasses, visites de la ville au pas de course... un quotidien qui, au bout de cinq mois, commence à peser sur le moral. Même si depuis Los Angeles, l'autre semble s'être calmé dans son comportement.

 

Me suis pas calmé mon pote, c'est toi qui t'est décoincé. Même si j'ai encore blessé personne sur ce continent, c'est toujours moi qui gère la fougère... et ce trip de touriste commence à me gonfler sévère.

 

Nous trouvons la motivation pour sortir malgré le froid et la pluie. Le centre ville de Vancouver est plutôt agréable. A chaque coin de rue, une odeur de cannabis se mélange à celles des cuisines du monde entier. Tatoo et Sex shops s'enchaînent sur Granville street. Arrivé à leur hauteur, une clocharde au sourire édenté nous propose de l'herbe. Après un refus poli, elle insiste pour nous faire une pipe. Faussement flatté, nous passons notre chemin dans un éclat de rire.

 

Putain... y en a qui doutent de rien. Ses chicots ont la même couleur jaune pisse que ses cheveux décolorés à la javel, et elle veut que j'y fourre ma bite... j'vais gerber.

 

Cent mètres plus loin, un grand métis aux locks courtes nous propose une nouvelle fois de la beuh. Cette fois nous cédons.

 

Ouais on va se caler dans un parc en mode grosse loque et s'éclater ça... j'ai la force pour rien d'autre de toute façon... Et si on se faisait un tour organisé, 4 jours les mains dans les poches et en plus on avance vers l'Est ?

 

C'est une consultation ?

 

Ouais t'as raison, ferme ta gueule. On va faire ça.

Publié dans Autofiction

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