Crasse

Réveil brutal, room-mate bruyant et gueule de bois carabinée. Douche rapide dans des parties communes dégueulasses. Les restes de savon gluant d'un pensionnaire qui nous a précédé nous collent entre les orteils. Le bruit répugnant d'un quadra qui se déleste les voies respiratoires d'un glaviot me rappelle que la vie de backpacker est faite de concessions hygiéniques. Nous nous retrouvons dans la cuisine commune. Les odeurs de spaghetti en boîte et de backed beans se mélangent aux relents de graisse séchée des préparations de la veille. Les éviers débordent de vaisselle sale baignant dans une eau brunâtre. Nous y plongeons une main incertaine à la recherche d'une tasse. L'être humain me dégoûte.

 

Café soluble et Long Beach jaune en paquet de 40, le petit déj' de champion ! Il est 10 heures du matin et déjà la foule s'entasse dans la rue piétonne. La ville est en plein festival et les artistes de rue commencent déjà à faire leurs numéros sous les yeux des passants. Mon téléphone sonne, un numéro inconnu. « Allo ? », « Allo, this is Pipo ». Merde le rital. Je l'avais oublié celui-là. Il est prêt à partir pour le Red Center, il attend mon accord pour louer la voiture.

 

Je n'aime pas ce type. Il commence toutes ses phrases par un « The problem is... » qu'il prononce de son accent italien à couper au couteau. Il a l'air pressé, il nous demande de voler des couverts, des assiettes et la couette de l'auberge de jeunesse. Il nous donne rendez-vous l'après-midi devant l'agence de location. En une demi-heure les formalités sont remplies. Nous partons faire des courses.

 

Putain ce type est génial. Un escroc de première, doublé d'un radin. Je ferai des économies avec lui. Il prend l'initiative dans le choix des produits alimentaires, tout ce qui se fait de moins cher dans la nourriture en tranche : fromage pasteurisé tiède et suintant, jambon de dinde insipide et pain de mie qui colle aux dents. On est parti pour une semaine de sandwiches fadasses.

 

5h45 le lendemain. Nous quittons Adélaide, direction plein nord.

Publié dans Autofiction

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