Anarchie

Les jours passent comme le mauvais temps, tranquillement, sans se presser. Notre voyage semble s'être arrêté sur cette plage battue par une pluie moqueuse. Le jour du départ approche et nous promettons qu'un jour nous reviendrons.

 

Ouais, il y a deux ou trois petits culs qui méritent qu'on revienne. Putains de phéromones sexuelles... J'ai l'impression qu'elles ont toutes le feu au cul sous les tropiques. Nymphomanes chroniques et queutards paumés, un pays pour moi ça...

 

La Calédonie reste engluée dans son marasme politique. Entre indépendantistes de gauches et libéraux trouillards, le discours politique demeure stérile. Les susceptibilités de chacun sont à fleur de peau et le caillassage des voitures de blancs sont toujours d'actualité. Le calibre 12 appuyé contre un cocotier, les cadavres de Number One qui s'amoncèlent, le regard bovin du Kanak saoul, l'envers du décor de carte postale.

 

Carte postale, carte postale... va faire un tour du côté de Goro. Le capitalisme ronge les montagnes du Sud à la recherche du précieux nickel. Autant de saignées immondes qui s'écoulent dans le lagon en un poison mortel. Si ça ne tenait qu'à moi, ça ferait longtemps que le zedou je l'aurais enfoncé dans le cul de ces bâtards de mineurs. Les Kanaks sont le dernier peuple révolutionnaire de France mais eux aussi ferment leur gueule devant le pognon qui bouche les artères de cette société obèse. Consommez, consommez, demain votre monde sera aussi gris que le ciel de Paris.

 

Peu importe. Nous partons et nous préférons garder en mémoire la chaleur des sourires et la clarté de l'eau. Prochaine étape, le Japon et son mystère. Le retour aux heures solitaires.

Publié dans Autofiction

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